Perspectives 2023

Le secteur du logement social a démontré ses facultés de résilience face aux importantes transformations qu’il a connues au cours des dernières années, en maintenant un important niveau d’investissements. Il fait toutefois face aujourd’hui à une conjonction de facteurs de risque et de contraintes financières, à court terme avec le contexte inflationniste et la remontée des taux d’intérêt depuis 2022, mais aussi à plus long terme, du fait d’une évolution plus structurelle de l’environnement économique.

Ce dixième numéro de Perspectives présente le patrimoine des bailleurs sociaux en 2021, analyse leurs comptes consolidés entre 2016 et 2021 et propose une projection à 40 ans de la situation financière du secteur du logement social, marqué par la montée de l’inflation et des taux d’intérêt impactant l’exploitation comme les coûts d’investissement.

Fin 2021, le parc social comprend 5,6 millions de logements, gérés essentiellement par des OPH et des ESH. La construction de logements sociaux, dont la Banque des Territoires est le financeur de référence via des prêts à long terme, représente un peu plus d’un cinquième des mises en chantier de logements privés et sociaux. Ces mises en chantier s’opèrent de plus en plus par l’intermédiaire de la VEFA, le secteur du logement social est ainsi plus sensible à l’évolution du marché de l’immobilier privé.

La situation financière des bailleurs demeure donc nettement favorable en 2021 : la part des capitaux propres au bilan s’est renforcée et le potentiel financier a progressé, s’établissant à 1 790 € par logement. Cette consolidation est d’autant plus nécessaire que le secteur est confronté à des défis majeurs à court et moyen terme. En effet, le contexte inflationniste initié en 2022 et le programme patrimonial induit par la loi Climat et résilience vont impacter considérablement les équilibres financiers du secteur dans les années à venir.

La partie prévisionnelle de cette étude projette les comptes des bailleurs sociaux à long terme et analyse leur soutenabilité financière sur 40 ans en lien avec les maturités de leur financement. Ainsi, selon le scénario économique retenu, les bailleurs sociaux pourraient faire face à d’importants investissements de rénovations thermiques du parc social pour répondre aux enjeux de la SNBC, avec un rythme atteignant jusqu’à 125 000 réhabilitations par an en 2026 et 2027. En dépit du maintien du taux du livret A à 3 % jusqu’à fin janvier 2025, cette trajectoire ambitieuse ne serait envisageable que grâce à la situation financière initiale saine des bailleurs et au détriment de la construction de logements sociaux. Après une normalisation progressive d’ici à 2028, le scenario retenu intègre des bouleversements structurels aboutissant à de nouveaux équilibres macroéconomiques à long terme. Il n’y est ainsi pas anticipé de retour à la situation antérieure de taux d’intérêt exceptionnellement bas après le choc inflationniste, le niveau du taux du livret A de long terme étant réhaussé à 2 %. À plans de financement constants, cela impacterait les équilibres des opérations nouvelles, dégradant le potentiel financier au fil du temps. Les trajectoires précédentes d’objectifs d’investissements seraient difficilement atteignables à moyen et long terme, à politiques publiques constantes. La situation financière du macro-organisme résisterait sur l’ensemble de la période de projection, au prix d’un repli de la production de logements à long terme et d’une baisse des volumes de réhabilitations après 2030. Il est important de souligner que l’analyse du secteur dans sa globalité ne reflète pas l’hétérogénéité des situations financières des différents bailleurs et la projection de long terme reste très sensible aux hypothèses retenues.

  • Type : Etude

Abonnez-vous à notre publication « Perspectives »

et recevez-la automatiquement par mail dès sa publication (1 fois par an)